dimanche 2 octobre 2016

Vote FN, chômage et pauvreté

Dans le premier article de ce blog je décrivais les résultat d'une petite analyse économétrique, à partir de séries chronologiques, sur le vote pour le Front National.
En particulier celui-ci : "un point de chômage en plus est associé à environ un point de côte de popularité en plus pour le FN, puis environ un point de vote en plus"
Je viens de voir que la société SPLV Analytics a réalisé une étude des déterminants du vote FN, à partir de données géographiques, les résultats par commune lors des élections législatives de 2012. Le travail m'a l'air très sérieux et est assez bien documenté (même si on aimerait des précisions sur les variables instrumentales utilisées). Il en ressort en particulier que : "L’effet est le même quel que soit la taille de la commune : 1% de chômage en plus donne 0,93% de vote supplémentaire au FN" (à noter que le traitement de l'endogénéité -avec variables instrumentales- n'a pas, pour cette variable, d'influence).
L'obtention d'une élasticité unitaire entre chômage et vote FN avec deux méthodologie très différente (la mienne étant très certainement la plus faible à ce stade) rassure sur la robustesse du résultat.
Il serait intéressant de combiner données localisées et variations dans le temps du vote FN.

La base de données au niveau communal de SPLV Analytics même si elle ne fait appel qu'à des données publiques est difficile à construire. Je regarde donc du côté des données départementales.
J'ai mis la main sur les résultats du FN par département aux Européennes de 2014 mais n'ai pas encore de point de comparaison : 2004 ou 2009 (point bas pour le FN) serait intéressantes. Si vous voyez où trouver ça sans devoir faire une centaine d’interrogation et de copier-coller sur le site du Ministère de l'Intérieur, dites-moi!

En attendant une petite corrélation, la meilleure que j'ai trouvé pour le moment (data mining!!!), entre taux de pauvreté des jeunes ménages (moins de 30 ans) et vote FN en 2014.

D'abord une carte (désolé pour la faible résolution) du taux de pauvreté des jeunes (données INSEE) :

Maintenant le vote FN en 2014 (Européennes) -qualité d'image un peu meilleure, je ne sais pas pourquoi...

La corrélation entre les deux variables est de 0,53, le coefficient de détermination (R²) de 0,28.
Ce qui est surtout intéressant il me semble c'est que R² est nettement plus bas quand on prend le taux de pauvreté total (tous âges) : 0,15, et même 0 pour la pauvreté des plus de 75 ans.

Si on revient à la pauvreté des jeunes (moins de 30 ans, mais 30-39 ans marche presque aussi bien)
on peut s'intéresser aux départements qui s'écartent le plus de la relation linéaire estimée. Ils sont indiqués sur cette dernière carte : 

En bleu (c'est le logiciel qui a choisi!) les départements où le vote FN est faible étant donné le niveau de pauvreté des jeunes : Paris et les trois départements de petite couronne, beaucoup de départements de la façade Atlantique ou du centre, en particulier les Haute-Pyrénées, la Haute Vienne (dans certains de ces départements la pauvreté des personnes âgées est élevée, et il y a moins de jeunes qu'ailleurs). Aussi la Haute-Corse. A l'inverse les départements tirant vers le rouge ont trop de votes FN pour leur niveau de pauvreté : Var et Alpes-Maritimes, Ain, Haute-Saône, Eure et Oise.
Manifestement il manque beaucoup de variables pour aboutir à quelque chose de plus satisfaisant : pour comprendre la spécificité du Sud-Est des facteurs historiques comme l'importance des rapatriés d'Algérie, le taux d'urbanisation, la proportion d'électeurs issus de l'immigration (pas directement mesurable), d'autres variables économique comme la dynamique de l'emploi, bien sûr le chômage etc. Au final pas certain que la pauvreté (des jeunes) tienne le choc! A suivre, si je trouve de meilleures données

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